Dans la continuité de mon mémoire, je décide d’approfondir le sujet du souvenir. Je cherche à le rendre vivant, à le matérialiser. Je choisis un matériau éphémère: le sable, lié à mon enfance et à l’imaginaire collectif du sablier. J’explore un liant naturel non issu de la pétrochimie, séchant à l’air, pour créer et détruire sans polluer.
Je suis à la recherche d’un objet qui parle à tout le monde, un objet du quotidien, l’objet qui permet d’évoquer à chacun un souvenir personnel, qui remémore le passé. Je crée un questionnaire dans lequel je demande aux personnes quel est leur objet “Proust”. Quel objet symbolise pour elles le passé ?
Les objets sont trop nombreux, toutes les histoires sont touchantes. Je réalise qu’ils racontent chacun une histoire unique, même si l’objet reste le même. Dois-je en choisir un ? Le redessiner ferait perdre son histoire. C’est intime, personnel. Impossible : je perdrais l’essence de mon projet, alors je poursuis les échantillons.
Je réalise qu’il me manque le paramètre du temps. La matière rend l’intangible visible, le liant évoque l’éphémère, mais le temps qui altère nos souvenirs reste insaisissable. La mémoire décroît si elle n’est pas entretenue. Pour matérialiser le temps, je choisis le cuivre, qui s’oxyde lentement et rend ce phénomène visible.
Mes échantillons restent fragiles, friables, les moulures cassent. Je modifie les dosages, les teste, sans garantie. Pour solidifier, j’intègre le cuivre sous toutes ses formes : plaques, câbles, poudre, fil. Chaque pièce reste unique, car je ne peux rien maîtriser. La colle est exigeante : humidité, chaleur, tout influence le résultat.
Ne trouvant pas d’objet universel, je m’oriente vers un objet manifeste. La bougie, symbole commun à toutes les cultures, accompagne nos moments forts. J’imagine un bougeoir fait de fragments de corniche. Deux chandelles, posées sur une plaque en sable, se consument à un rythme différent, traduisant l’évolution vivante du souvenir.
