Lila Franceschi

“Depuis des années, je rêvais d’architectures co-habitées avec des animaux; de lieux conçus pour accompagner une relation à l’animal qui puisse être libre et profitable à toutes les parties.”

Mathias RollotL’animal et l’architect(ure), 2023

Le projet a démarré par des rencontres avec différents acteurs de la protection animale: responsables à la SPA, gérants de refuges indépendants, bénévoles… des échanges précieux afin de discerner les différentes problématiques des refuges. Mon choix d’un site existant pour le projet s’est porté sur Le radeau des animaux, un refuge indépendant, fondé par Dominique et ses bénévoles en Bretagne.

“Il y a des chiens en refuge aujourd’hui que l’on appelle les chiens fantômes, c’est-à-dire qu’ils ne sont plus visibles. Ils ont tellement été vus sur les réseaux sociaux que les gens ne les voient plus, ils passent outre.”

Florient Delille – Association Flaïka

Ces clichés ont été pris au Radeau des animaux.

Ce staff de 9 ans (cliché 1.), récemment arrivé au refuge, aura peu de chances de trouver une famille. Ceci en raison de son âge avancé et de son apparence, souvent mal perçue à cause de la réputation de ces races de chiens, jugées à tort comme dangereuses.


Le refuge est localisé en pleine campagne bretonne, un cadre idéal pour les animaux.

Plan de masse du projet.

Ce projet se positionne comme une alternative pour les chiens “fantômes” habitants des refuges déjà surchargés mais qui n’attirent pas l’attention des adoptants pour diverses raisons. Ces chiens, voués à passer de longues années en refuge, trouvent ici un lieu où s’ancrer à long terme et jouissent d’une nouvelle visibilité.


La longère : le savoir vivre interspécifique

Afin de générer des recettes et développer une autre approche de l’adoption, le refuge s’hybride en chambre d’hôtes. Il reçoit les potentiels adoptants le temps d’un séjour, pour vivre au plus près des animaux. La rencontre devient une expérience de vie à part entière, donnant l’opportunité de créer des affinités avec les animaux, avant une éventuelle adoption.

Le chenil commun : se mouvoir librement

L’espace central du chenil est dégagé, les boxes repoussés à l’extérieur en petites maisonnettes pour des chiens seuls ou en binômes. Entre ces maisonnettes, de grands axes en polycarbonate (toiture et portes)  illuminent l’espace et génèrent 4 accès sur l’extérieur. L’axe central devient un espace libre pour les chiens en supplément du parc extérieur.  

Image 1 : Façade Ouest du bâtiment Image 2 : Coupe longitudinale du chenil. En été, les grandes portes en polycarbonate pivotent sur un axe, les ouvrants de la toiture se déploient et le tout génère un flux d’air sain, rafraîchissant dans le bâtiment. Les chiens, qui ont un accès libre dans tout cet espace dégagé, ont la possibilité d’aller et venir entre ombre et soleil, intérieur et extérieur et interagissent avec du mobilier aux typologies diverses.

Lorsqu’un chien arrive dans le grand chenil, il ne peut pas être immédiatement plongé dans le grand bain. L’espace est donc divisible grâce à des sas, permettant de moduler l’espace selon les caractères et besoins des chiens.


Le sas est une structure grillagée qui se déplie et se replie en coulissant sur des rails, libérant (lorsque dépliée) un passage sécurisé entre les espaces. La division intérieure se répercute à l’extérieur par des parois coulissantes.

Les maisonnettes : dormir paisiblement

Lorsque le lit est déplié, l’épaisseur du mur révèle des perforations où sont incrustées des capsules emplies de plantes odorantes ayant un effet apaisant sur les chiens ( lavande, valériane, vanille). Côté jardin, le mur est perforé d’ouvertures circulaires qui filtrent la lumière, protégeant le chien d’une luminosité trop importante ou de mouvements qui pourraient perturber son sommeil. En partie hautes et basses du mur les ouvertures sont dotées de caches pivotants qui laissent passer l’air afin de limiter l’humidité et la chaleur mais aussi de connecter les chiens aux odeurs variées de l’extérieur :  terre, herbe humide, animaux…

Recherches autour d’une hybridation fonctionnelle du mobilier spécifique aux humains et aux chiens.
De l’échelle humaine à l’échelle animale – hybridation fonctionnelle
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